Correspondance Imaginale

Gilbert Durand (1921 – 2012) et Lima de Freitas (1927 – 1998), sont deux personnalités exceptionnelles qui nous ont laissé un dépôt culturel et initiatique remarquable à travers des œuvres de grande valeur, textes et peintures, qui compteront dans l’avenir. Il s’agit, dans la pure tradition lusitanienne, d’une « Histoire du futur ». Leur rencontre, salutaire et sans doute inévitable, est à l’origine d’une amitié spirituelle, d’une reconnaissance réciproque, non de personne à personne mais d’être à être.

Leur correspondance aborde les thèmes qui leur importaient : l’opérativité des grands mythes portugais – à travers la conception des célèbres azulejos de la gare de Rossio à Lisbonne –, le culte du Saint-Esprit, le 515, la clé de Dante, le mythe du Roi Caché, mais aussi d’autres aspects plus singuliers comme la symbolique et la fonction de l’orisha Xangô ou le personnage d’Amadeus, le Christian Rosenkreutz portugais. Ils nous apprennent surtout à décoder le langage des mythèmes à travers les traditions. L’un et l’autre risquent des liens pertinents et surprenants, toujours porteurs de sens.

Cette correspondance d’une grande richesse rend compte, aussi, des difficultés de l’artiste et de l’universitaire face aux opacités, et aux résistances, de milieux artistiques ou intellectuels figés et stériles, comme de la lassitude devant les errements politiciens. Leurs échanges témoignent de la difficulté à être, dans un monde cannibalisé par l’avoir et le faire.

Mais, demeure, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire du départ de Lima de Freitas pour l’Orient éternel, une célébration inestimable de la beauté et de la liberté nées de l’Imaginal.